Nadine Cross

était dans le salon de son ancienne maison depuis près de cinq minutes, en train de faire ses bagages, quand elle le vit assis dans un coin, nu à l’exception de son slip, le pouce dans la bouche fixant sur elle ses étranges yeux bridés gris-vert. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle poussa un hurlement. Les livres qu’elle s’apprêtait à mettre dans son sac à dos tombèrent par terre avec fracas.

– Joe… Leo…

Elle posa la main sur sa poitrine, au-dessus du renflement que faisaient ses seins, comme pour apaiser les battements affolés de son cœur. Mais son cœur n’était pas encore prêt à ralentir sa course, main ou pas. Le découvrir tout à coup avait été un choc ; mais le découvrir ainsi, habillé comme il l’était le premier jour dans le New Hampshire, agissant de la même manière, était encore bien pire. Le retour en arrière était trop brutal, comme si un dieu dément avait soudain faussé le temps, l’avait condamnée à revivre les six dernières semaines.

– Tu m’as fait affreusement peur, finit-elle par dire d’une voix blanche.

Joe ne répondit pas.

Elle s’avança lentement vers lui, s’attendant presque à voir un long couteau de cuisine apparaître dans sa main, comme autrefois, mais sa main libre reposait sagement sur ses genoux, fermée. Elle vit qu’il avait perdu son bronzage. Les cicatrices et les écorchures avaient disparu. Mais les yeux étaient les mêmes… des yeux qui pouvaient vous hanter. La vie qui y avait fait son apparition, un peu plus chaque jour, depuis qu’il s’était approché du feu pour écouter Larry jouer de la guitare, avait maintenant complètement disparu. Ses yeux étaient comme ils avaient été lorsqu’elle l’avait rencontré pour la première fois et elle sentit une sourde terreur poindre en elle.

– Qu’est-ce que tu fais là ?

Joe ne répondit pas.

– Pourquoi n’es-tu pas avec Larry et maman Lucy ?

Pas de réponse.

– Tu ne peux pas rester ici.

Elle voulut le raisonner, mais avant de continuer elle se demanda depuis combien de temps déjà il était là.

C’était le matin du 24 août. Elle avait passé les deux nuits précédentes chez Harold. L’idée qu’il était peut-être assis sur cette chaise depuis quarante heures, le pouce planté dans la bouche, lui traversa l’esprit. C’était une idée ridicule, naturellement. Il aurait eu faim et soif (n’est-ce pas ?). Mais cette idée/image refusait de la quitter. Cette sourde terreur s’empara d’elle à nouveau et elle comprit alors, avec quelque chose qui ressemblait beaucoup à du désespoir, à quel point elle avait changé : à une époque, elle avait dormi sans aucune crainte à côté de ce petit sauvage, alors qu’il était armé et dangereux. Maintenant qu’il était désarmé, il la terrorisait. Elle avait cru

(Joe ? Leo ?) que son ancien moi avait purement et simplement disparu. Mais il était de retour. Il était là.

– Tu ne peux pas rester là. Je suis venue chercher des affaires. Je déménage. Je m’installe chez… chez un homme.

– Oh ! Harold, un homme !

gloussa une voix intérieure. Je croyais que ce n’était qu’un outil, un moyen pour arriver à tes fins.

– Leo, écoute…

Il secoua la tête, imperceptiblement.

Mais elle le vit. Ses yeux sévères et brillants la fixaient.

– Tu n’es pas Leo ?

Encore ce mouvement imperceptible.

– Tu es Joe ?

L’enfant hocha la tête, à peine.

– Comme tu voudras. Mais il faut que tu comprennes que ça n’a pas vraiment d’importance, dit-elle en essayant d’être patiente.

Cette étrange impression d’avoir remonté le temps persistait, l’impression de se retrouver à la case de départ. Elle avait peur, elle se sentait irréelle.

– Cette partie de nos vies, reprit-elle, la partie où nous étions ensemble, tout seuls, cette partie-là est finie. Tu as changé, j’ai changé, nous ne pouvons plus revenir en arrière.

Mais les yeux étranges restaient fixés sur elle, dans une négation muette.

– Et cesse de me fixer, dit-elle d’une voix sèche. C’est très mal poli.

Les yeux de l’enfant semblèrent devenir vaguement accusateurs, comme s’ils disaient qu’il était tout aussi impoli de laisser les gens tout seuls, et plus impoli encore de priver de son amour des gens qui en avaient encore besoin.

– Tu n’es pas tout seul, dit-elle en se retournant.

Et elle commença à ramasser les livres qu’elle avait laissé tomber. Elle s’agenouilla maladroitement, sans grâce, et ses genoux craquèrent comme des pétards. Elle commença à fourrer les livres pêle-mêle dans le sac à dos, par-dessus ses serviettes hygiéniques, son aspirine, ses sous-vêtements – des sous-vêtements de coton bien ordinaires, tout à fait différents de ceux qu’elle portait pour les frénétiques plaisirs de Harold.

– Tu as Larry et Lucy. Tu veux être avec eux, ils veulent être avec toi. Du moins, Larry veut être avec toi. Et c’est ce qui compte, parce qu’elle veut tout ce qu’il veut. Un vrai paillasson cette Lucy. Pour moi les choses ont changé, Joe, et ce n’est pas ma faute. Ce n’est pas du tout ma faute. Alors, tu ferais mieux d’arrêter d’essayer de me faire sentir coupable.

Elle commença à fermer les boucles de son sac à dos, mais ses doigts tremblaient tellement qu’elle n’y arrivait pas. Le silence s’appesantit dans la pièce.

Elle se leva finalement, installa son sac d’un coup d’épaule.

– Leo…

Elle aurait voulu parler calmement, raisonnablement, comme elle parlait aux enfants difficiles lorsqu’ils faisaient des colères, du temps qu’elle était institutrice. Mais elle n’y parvint pas. Sa voix qui partait en dents de scie et le léger tremblement de tête qui salua le mot Leo ne firent qu’aggraver les choses.

– Ce n’est pas à cause de Larry et de Lucy, reprit Nadine d’une voix méchante. Ça, j’aurais pu le comprendre. Mais c’est pour ce vieux tas que tu m’as abandonnée, je me trompe ?

Pour cette vieille bonne femme dans son fauteuil à bascule qui passe son temps à sourire à tout le monde en montrant ses fausses dents. Elle est partie, et c’est pour ça que tu t’es précipité chez moi. Mais ça ne marchera pas, tu m’entends ?

Ça ne marchera pas !

Joe ne répondit rien.

– Et quand j’ai supplié Larry… quand je me suis mise à genoux et que je l’ai supplié… Il ne fallait pas le déranger. Il était trop occupé à faire l’important. Tu vois bien, ce n’est pas ma faute. Pas du tout !

Le garçon se contentait de la fixer, impassible.

La terreur revenait, plus forte que sa rage incohérente. Elle recula jusqu’à la porte, chercha derrière elle la poignée. Elle la trouva enfin, la tourna, poussa la porte qui s’ouvrit. Soulagée, elle sentit une bouffée d’air frais lui caresser les épaules.

– Va chez Larry, murmura-t-elle.

Au revoir, petit bonhomme.

Elle recula et s’arrêta un instant sur la première marche, essayant de retrouver ses esprits. Tout à coup, elle se dit que tout n’avait peut-être été qu’une hallucination, causée par son sentiment de culpabilité… culpabilité pour avoir abandonné l’enfant, culpabilité pour avoir fait attendre Larry trop longtemps, culpabilité pour ces choses que Harold et elle avaient faites, et celles – bien pires – qui les attendaient. Peut-être n’y avait-il eu personne dans cette maison après tout, peut-être ce petit garçon n’avait-il pas été plus réel que les hallucinations de Pœ – les battements de cœur du vieillard qui faisaient tic-tac comme une montre enveloppée dans du coton, ou le corbeau perché sur le buste de Pallas.

– Il frappe, il frappe sans cesse à la porte de ma chambre, dit-elle tout haut sans réfléchir.

Et elle poussa un horrible petit croassement, sans doute pas tellement différent de celui des vrais corbeaux.

Il fallait qu’elle en ait le cœur net.

Elle s’avança vers la fenêtre, à côté des marches du perron, et regarda dans le salon de ce qui avait été autrefois sa maison. Façon de parler. Quand vous vivez quelque part et qu’il suffit d’un sac à dos pour emporter tout ce que vous désirez garder, vous n’avez jamais vraiment habité cet endroit. Elle vit un napperon crocheté par une épouse aujourd’hui morte, des rideaux, un papier peint, le porte-pipes d’un mari aujourd’hui décédé, quelques numéros de La Vie des sports éparpillés sur la table à café. Sur la cheminée, des photos d’enfants morts. Et assis dans le coin, le petit enfant d’une femme aujourd’hui morte, nu à l’exception de son slip, assis, toujours assis, assis comme il était assis tout à l’heure…

Nadine s’enfuit, trébucha sur le fil de fer qui protégeait le parterre, à gauche de la fenêtre, faillit tomber. Elle sauta sur sa Vespa et démarra. Pendant quelques centaines de mètres, elle fila à toute allure, zigzaguant entre les voitures qui obstruaient encore ces petites rues, puis elle se calma peu à peu.

Lorsqu’elle arriva chez Harold, elle avait un peu retrouvé son calme. Mais elle savait qu’elle ne pourrait plus rester longtemps dans la Zone. Si elle ne voulait pas perdre la tête, il fallait qu’elle s’en aille bientôt.

L’assemblée

convoquée à l’auditorium Muzinger se passa fort bien. On commença par chanter l’hymne national, mais cette fois la plupart des yeux restèrent secs ; l’hymne n’était plus qu’une partie de ce qui allait bientôt devenir un rituel. Dans l’indifférence générale, on décida de créer un comité du recensement dont Sandy DuChien fut chargée. Sandy et quatre assistants se mirent aussitôt à parcourir la salle, comptant les têtes, notant les noms. À la fin de l’assemblée, saluée par des acclamations, elle annonça que la Zone libre comptait désormais huit cent quatorze âmes et elle promit (un peu à la légère, comme on allait le voir) de publier un « annuaire »

complet avant la prochaine assemblée – un annuaire qu’elle espérait mettre à jour toutes les semaines et où l’on trouverait par ordre alphabétique le nom des habitants, leur âge, leur adresse à Boulder, leur adresse précédente, la profession qu’ils exerçaient autrefois. Mais les arrivées dans la Zone furent si nombreuses et erratiques qu’elle eut toujours deux ou trois semaines de retard.

La question de la durée du mandat des membres du comité de la Zone libre fut posée. Après quelques propositions extravagantes (dix ans pour l’un, à vie pour l’autre, et Larry fit rire tout le monde en précisant qu’il ne s’agissait pas de peines de prison), on adopta finalement un mandat d’un an. Au fond de la salle, Harry Dunbarton agitait la main. Stu lui donna la parole.

Harry dut crier à tue-tête pour se faire entendre :

– Un an, c’est peut-être encore trop. Je n’ai rien contre les m’sieu dames du comité, je trouve qu’ils font un sacré bon boulot – cris enthousiastes, applaudissements – mais on va perdre les pédales si on continue à être de plus en plus nombreux.

Glen leva la main et Stu lui donna la parole.

– Monsieur le président, la question n’est pas à l’ordre du jour, mais je crois que monsieur Dunbarton vient de faire une excellente remarque.

Évidemment que tu la trouves excellente, le prof, pensa Stu. Tu disais la même chose il y a une semaine.

Je voudrais proposer la création d’un comité des règles démocratiques pour que nous puissions vraiment remettre en application la constitution. Je crois que Harry Dunbarton devrait être à la tête de ce comité, et j’en serais volontiers membre, à moins que quelqu’un n’y voie un conflit d’intérêts.

Nouveaux applaudissements.

À la dernière rangée, Harold se tourna vers Nadine.

– Mesdames et messieurs, les fêtes du grand amour sont ouvertes, lui murmura-t-il dans le creux de l’oreille.

Elle le regarda avec un sourire mystérieux qui lui donna le vertige.

Stu fut élu shérif de la Zone libre aux rugissements enthousiastes de la foule.

– Je ferai de mon mieux, avec votre aide, dit-il. Ceux qui m’applaudissent maintenant chanteront peut-être une autre chanson si je les attrape en train de faire des bêtises. Vous m’entendez, Rich Moffat ?

Éclats de rire. Rich, saoul comme un cochon, acquiesça de bonne grâce.

– Mais je ne vois pas

pourquoi nous aurions beaucoup de difficultés. Pour moi, le travail du shérif consiste surtout à empêcher les gens de se faire du mal. Et aucun de nous ne veut ça. Nous avons déjà eu notre compte. Voilà, c’est tout ce que je voulais dire.

La foule l’applaudit longuement.

– Le point suivant dit Stu, a quelque chose à voir avec le travail du shérif. Nous avons besoin d’à peu près cinq personnes pour former un comité législatif, sinon je vais me sentir plutôt mal à l’aise si je dois mettre quelqu’un au violon. Des candidatures ?

– Et le juge ? cria

quelqu’un.

– Oui, le juge ! C’est vrai ! hurla un autre.

Les têtes se tournèrent pour voir le juge se lever et accepter sa nomination dans le style rococo qui était le sien. On murmurait dans la salle – on racontait une fois de plus comment le juge avait crevé le ballon du cinglé aux soucoupes volantes. Des bruits de papiers froissés, tandis que les gens posaient leur ordre du jour sur leurs genoux pour applaudir. Les yeux de Stu rencontrèrent ceux de Glen : quelle barbe… nous aurions dû y penser.

– Il n’est pas là, dit quelqu’un.

– Quelqu’un l’a vu ? demanda Lucy Swann, inquiète.

Larry lui lança un regard appuyé, mais elle cherchait toujours le juge dans la salle.

– Je l’ai vu !

C’était Teddy Weizak qui se levait, au fond de l’auditorium. Il avait l’air nerveux et essuyait fébrilement ses lunettes cerclées de fer avec un grand mouchoir.

– Où ?

– Où ça, Teddy ?

– En ville ?

– Qu’est-ce qu’il faisait ?

Ce barrage de questions le mettait manifestement mal à l’aise.

Stu s’empara de son maillet de président.

– Mesdames et messieurs, silence s’il vous plaît.

– Je l’ai vu il y a deux jours reprit Teddy. Il était dans une Land-Rover. Il m’a dit qu’il allait passer la journée à Denver. Il ne m’a pas expliqué pourquoi. On a fait une blague ou deux. Il avait l’air en très grande forme. C’est tout ce que je sais.

Il se rassit, rouge comme une pivoine, essuyant toujours ses lunettes.

Une fois de plus, Stu dut rappeler l’assemblée à l’ordre.

– Je regrette que le juge ne soit pas là. Il aurait été un candidat idéal. Mais puisqu’il n’est pas là, qui veut présenter une autre candidature ?

– Non, on ne peut pas en rester là ! protesta Lucy en se levant.

Elle portait un ensemble jeans très ajusté qui alluma des regards intéressés chez la plupart des mâles présents dans l’assistance.

– Le juge Farris est un très vieil homme, reprit-elle. S’il était malade à Denver, s’il ne pouvait pas rentrer ?

– Lucy, dit Stu, Denver est une très grande ville.

Un étrange silence s’empara de la salle tandis que tous réfléchissaient à ce que Stu venait de dire. Lucy se rassit, toute pâle. Larry la prit par les épaules. Son regard croisa celui de Stu, mais Stu détourna la tête.

le fléau
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